DognyAuction

V112 | 16 Apr 13

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100

Icône: Vierge Vladimirskaya, Russie, fin XIXe

Result 600 CHF

Description

Icône: Vierge Vladimirskaya, Russie, fin XIXe.

Dimensions : H. 31.4x26.5x2.5 cm

Conservation : Bonne. Repeints

Provenance : Collection suisse

Références

Vierge de Tendresse LOT 100

L’icône de la Vierge de Tendresse représente la Mère et le Fils tendrement entrelacés. La Mère porte l'enfant de la main gauche et le tient joue contre joue, tandis qu'il l’enveloppe de ses deux mains. S’agit-il uniquement de l’expression d’un amour maternel ?

La formule iconographique de la Vierge de Tendresse apparaît à Byzance au IXe. Elle devient très populaire à partir du XIe. On l’appelle « Glykophilousa » (Le doux baiser) ou « Eleousa » (Miséricordieuse). Ce dernier nom vient de eleos, « compassion » et reflète le pouvoir du Christ qui, dans son action ultime, donne aux âmes des défunts une place au Paradis. En effet, dans les prières pour les morts, on s'adresse fréquemment au Christ en l'appelant eleemon « charitable, compatissant » ou polyeleos «rempli de miséricorde». Ces épithètes dénotent aussi bien les espoirs des fidèles que la réponse qu'ils espèrent recevoir du Seigneur. Le sentiment que la mère Eleousa est seule capable d'intercéder auprès de son Fils et solliciter sa clémence, sa compassion et son indulgence est fortement présent dans l'icône (B.Pencheva, 2006). Ceci expliquerait le geste de recommandation que la Mère fait avec sa main droite. Simeon Metaphraste, hagiographe byzantin, probablement de la deuxième moitié du Xe, suggère dans son Oratio in lugubrem lamentationem sanctissimae Deiparae pretiosum corpus Domini nostri Jesu Christi amplexantis (PG, 114, col. 216 B-C) (G. Millet, 1960) que cette icône exprime l'ambivalence entre la joie de la naissance et la tristesse qui préfigure le dernier baiser avant la mort. Dans tous les cas, cette image confirme la Vierge dans son rôle d'intercesseur, autrement dit, celle qui prie pour quelqu'un qui est dans une situation de détresse ou de difficulté avec la confiance que le Seigneur agira pour le mieux, tout en lui laissant l’initiative (A. Grabar, 1974; H. Maguire, 1977).

A partir du XIIe, sur plusieurs icônes, le Christ montre son talon et la plante de son pied. Ce détail donne à la formule iconographique un sens supplémentaire. Il fait allusion au texte de la Genèse, (3,15) où l’homme écrasera la tête du serpent, la partie la plus importante de son corps alors chez lui seul le talon sera endommagé. Le talon exprime la route terrestre du Christ (sous-entendu de l'Eglise). Sa crucifixion ne fera que blesser son pied, mais en même temps, elle sera la défaite du Satan (Jn, 8, 44).

Il est fort possible que la première icône représentant la Vierge de Tendresse transportée en Russie, dans la ville de Vladimir, en 1155, fut l’icône arrivée miraculeusement jusqu’à nous et conservée aujourd’hui dans la galerie Trétiakov à Moscou. Elle reste dans l'ancien capitale de la Russie presque deux siècles et demi, prend le nom de la ville « Valdimirskaya » et acquiert la renommé de miraculeuse avant de commencer ses longues pérégrinations à travers le pays, y compris un voyage à Moscou en 1395 pour sauver la capitale des attaques des armées d’Aksak Timur (Tamerlan). L’icône est copiée, restaurée, célébrée, vénérée. Quand une copie considérée miraculeuse « s’installe » dans une ville et commence à accomplir des miracles, il lui arrive de changer de nom en prenant celui de la ville qui l’accueille. Elle devient alors Donskaya, Jahromskaya , Korsunskaya, Jaroslavskaya etc. ou garde simplement son nom générique de Oumilenie (Tendresse). Perçue par la croyance populaire comme l’expression de l’humanité du Christ et de la peine d’une Mère aimante qui perdra son Enfant, elle touche les sensibilités et devient l'une des icônes les plus peintes en Russie (A. Grabar, 1974). On lui adresse des prières pour la paix dans l'espoir qu'elle calme les haines et les conflits.

Littérature :

B. Pencheva, Icons and power. The Mother of God in Byzantium, Pennsylvania, 2006, p. 180

G. Millet, Recherches sur l'iconographie de l'Evangile, Paris, 1960, p. 490

A. Grabar, "L’Hodigitria et l’Eléousa," in Zbornik za likovne umetnosti, 10 (1974), 3 ss. esp. 10

H. Maguire , The depiction of sorrow in the middle byzantine art, 1977, p. 166