V146 | 18 Jun 19
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Marie Laurencin (1883-1956), "Les deux amies"
Description
Marie Laurencin (1883-1956), "Les deux amies"
Tempera sur papier, shm et datée 1918
40x30 cm
Admirée par Max Jacob et aimée par Guillaume Apollinaire et Georges Braque, élève de Picasso, Marie Mélanie Laurencin fréquente les grands mouvements artistiques du début du XXe: cubisme, dadaïsme, fauvisme, orphisme.
En 1908 elle réalise le "Portrait de Pablo Picasso de profil" (vente Sotheby’s New York, 8.5.1995, Lot 19, conservé au Musée de Tokyo) dont le graphisme asséché et une certaine intemporalité géométrique se réfèrent aux arts primitifs. Ces formes simplifiées et aplaties font penser à la parataxe du Douanier Rousseau, ami du couple Laurencin-Apollinaire. Dans le tableau "Les deux amies", on retrouve le même aplatissement du portrait "La Clownesse", 1913-1914 (vente Sotheby’s New York, 3.11.2005, Lot 373 et Sotheby’s New York 8.11.2006, Lot 558) où sa main à peine déformée est comprimée entre le portrait et le regardeur. Les formes féminines perdent leur rondeur et en résultent amincies et stylisées dans l’espace étroit. Est-ce la mort de son compagnon Guillaume Apollinaire, survenue le 9 novembre 1918, qui pousse Marie Laurencin à laminer les visages des deux amies ? Le silence s’interpose entre eux comme une fine glace transparente, révélée par le rideau, laissant place au doute sur un possible jeu de miroir. A cette époque, Marie Laurencin se rend régulièrement au Musée du Prado, cherchant son inspiration auprès de Velasquez, Goya, El Greco, sans oublier les masques africains. Elle passe quatre années en Espagne, entre Madrid, Malaga, Barcelone.
Quelques semaines avant la mort de Guillaume Apollinaire, Marie achève son premier autoportrait « en peintre » : "La Femme-Cheval (1918, cat. n°32)-mon portrait en peintre avec la main qui tient un pinceau ", toile emblématique et sombre, dont l’image enveloppée, comme suraiguë, est adoucie par la présence de deux colombes et d’un lionceau : huile achevée, de la meilleure veine - comme la plupart de celles exécutées en exil -, qui marque un tournant dans sa prise de conscience en peinture et ponctue définitivement, après quatre années de doute et de solitude, sa carrière de femme peintre. On y lit comme une affirmation, une profession de foi » (catalogue Gianadda, p. 22-23).
Notes
Quelques décennies après son décès, en 1983, un "Musée Marie Laurencin" est créé au Japon, dans la petite ville de Chino, grâce à la volonté de M. Masahiro Takano, Président. Monsieur Hirohisa Takano-Yoshizawa en est le directeur et conserve une centaine de peintures, de nombreuses aquarelles, un ensemble exceptionnel des dessins, la quasi–totalité de l’œuvre gravée ainsi que des livres illustrés. La Fondation Pierre Gianadda lui consacre une exposition " Cent œuvres des collections du Musée Marie Laurencin au Japon" sous le commissariat de Daniel Marchesseau, du 27 novembre 1993 au 6 mars 1994. Le Musée Marmottan-Monet à Paris lui consacre une rétrospective en 2013, sous le commissariat de Daniel Marchesseau (cf. Daniel Marchesseau raconte Marie Laurencin, préface d'Anne Sinclair, catalogue de l’exposition).Références
Condition
Traces d’adhésif au centre à gauche et légères chutes du film pictural
